Instabilité antérieure chronique de l’épaule : stabilisation par butée coracoïdienne vissée
L’épaule est l’articulation la plus mobile de l’organisme, mais il s’agit également de l’articulation la plus instable.
La luxation antérieure de l’épaule correspond au déboitement de la tête de l’humérus en avant de la glène (surface articulaire de l’omoplate), faisant perdre tout contact aux surfaces articulaires qui sont normalement situées en face l’une de l’autre.
Ce déboitement antérieur survient dans une majorité des cas après un traumatisme violent. Lors de ce premier épisode de luxation, les ligaments, le bourrelet glénoïdien et parfois les structures osseuses sont lésées.
Ces lésions plus ou moins importantes ne cicatrisent pas forcement totalement et vont faire le lit de luxations répétées, survenant de manière générale de plus en plus « facilement ».
Parfois les patients ressentent des épisodes de subluxations, la tête de l’humérus se déboite partiellement, et se recentre seule par contractures musculaires.
Ces épisodes d’instabilités répétés sont mal vécus par les patients , qui redoutent au quotidien le déboitement de leur épaule.
Les récidives d’instabilité de l’épaule après un premier épisode de luxation sont fréquentes, surtout s’il existe des facteurs favorisants comme une hyperlaxité constitutionnelle (les ligaments sont plus distendus naturellement dans une partie de la population), ou le jeune âge de survenue du premier épisode de déboitement
Il est illusoire de stabiliser l’articulation de manière durable par la rééducation en cas de survenue de deux épisodes de déboitement antérieurs.
Seule la chirurgie pourra résoudre le problème.
Les épisodes de luxations répétés de l’épaule abiment potentiellement l’articulation, précipitant l’évolution vers l’arthrose, mais peuvent également engendrer des lésions des nerfs, et des tendons de l’épaule.
En cas de survenue de plus d’une luxation antérieure d’épaule, la solution est chirurgicale, et il faut éviter d’attendre trop longtemps pour ne pas dégrader d’avantage la situation.
Pathologies associées
Les épisodes de luxations peuvent générer des lésions nerveuses, notamment du nerf axillaire, à rechercher systématiquement lors de l’examen clinique réalisé par votre chirurgien.
Des lésions osseuses sont également à prendre en compte, notamment les lésions osseuse de la glène de l’omoplate et les lésions osseuses de la partie postérieure de la tête de l’humérus (encoche de Malgaigne)
Chez les patients de plus de 45 ans, il faut systématiquement rechercher des lésions des tendons de la coiffe des rotateurs en cas de luxation antérieure de l’épaule.
Butée coracoïdienne vissée à ciel ouvert
L’intervention consiste à stabiliser l’épaule par le positionnement en avant de la glène d’une partie osseuse de l’omoplate (coracoïde), cette partie osseuse va jouer le rôle de butée, empêchant la tête de se déboiter en avant, les muscles insérés sur la coracoïde jouent un rôle également de barrière musculaire anti déboitement.
La coracoïde est fixée en avant de la glène par deux vis métalliques, de manière à permettre le bon positionnement de la pièce osseuse et de permettre à terme la fusion osseuse entre la coracoïde et la glène.
Il n’est en général pas nécessaire de procéder au retrait des vis métalliques.
Cette opération est réalisée par un incision cutanée en avant de l’épaule d’environ 3-4 cm.
Il s’agit à l’heure actuelle de l’intervention la plus fiable pour stabiliser les instabilités antérieures, le taux de récidive de luxation est très faible (moins de 5 %).
La butée coracoïdienne supplante à long terme les techniques de stabilisation sous arthroscopie; qui ne sont pas recommandées dans certains cas comme les patients hyperlaxes.
Anesthésie
Une consultation d’anesthésie est obligatoire avant l’opération. Celle-ci est réalisée au maximum 2 mois avant l’intervention et 2 jours au minimum avant l’intervention.
Vous discuterez avec l’anesthésiste des modalités de l’intervention.
Ce type d’intervention est réalisé avec un bloc interscalénique (anesthésie loco régionale de l’épaule) et une anesthésie générale.
L’anesthésie locorégionale permet d’assurer le contrôle des douleurs en post opératoire pendant plusieurs heures.
Bilan pré-opératoire
Il est nécessaire d’avoir pour l’intervention un bilan radiographique , et en général une IRM ou un arthro scanner.
Hospitalisation
Il s’agit d’une intervention que nous réalisons en ambulatoire, à condition d’être éligible à cette modalité de prise en charge (ne pas être seul au domicile par exemple).
Durée de l’intervention
40 à 60 minutes.
Immobilisation
Vous porterez une simple écharpe pour immobiliser l’épaule les 2 premières semaines post-opératoires. Celle-ci pourra être progressivement retirée au délais de 15 j.
Rééducation
Il sera nécessaire de réaliser une rééducation spécifique à votre opération, il y a des mouvements d’auto-rééducation à réaliser dès le lendemain de l’intervention, pour éviter l’enraidissement de l’épaule.
La mobilisation passive de l’épaule devra débuter au 15ème jour par un kinésithérapeute de votre choix. Un protocole précis de rééducation vous sera remis à votre sortie, il est à remettre au kinésithérapeute qui vous prendra en charge.
Prescriptions de sortie
Nous vous remettrons à votre sortie tous les papiers et ordonnances nécessaires : pour les antalgiques et les anti-inflammatoires, pour les soins de pansement (les voies d’abord ont été suturées avec de fils résorbables). On vous remettra également un arrêt de travail, et les dates et horaires des futurs rendez-vous avec des radiographies de contrôle à réaliser. Vous disposerez également d’une ordonnance de kinésithérapie et une feuille de protocole de rééducuation adapté à votre opération.
Délai de récupération
Le délai de récupération est généralement de 2 à 3 mois. Ce délai peut varier de manière importante d’un patient à l’autre. Le sport est autorisé à partir du 3ème mois.
Complications
Les ecchymoses sont quasi systématiques sur l’épaule, le bras et parfois le thorax (coloration bleu-jaune de la peau), et n’ont aucune conséquence.
Algodystrophie/Capsulite rétractile
Atteinte vasculaire ou neurologique du membre supérieur (exceptionnel).
Les complications infectieuses sont rares.
Fracture/mobilisation de la butée.
Récidive de luxation : moins de 5 %.